La Divine Comédie
La Comédie est le vrai titre, celui donné par Dante (1265 - 1321).
Le mot
divine a été rajouté ultérieurement (1555), à une époque où l'on a aussi rajouté des culottes aux culs nus des peintures du Vatican (~1565).
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La Comédie est un voyage initiatique à travers le monde des morts, hiérarchisé selon la tradition chrétienne en trois royaumes: l'enfer, le purgatoire et le paradis.
Au cours de ce voyage, Dante vilipende le monde dans lequel il vit, et son désordre, et a finalement la révélation de
l'amour qui meut le soleil et les autres étoiles (dernier vers de la Divine Comédie).
Cette visite des trois royaumes des morts, orchestrée par Béatrice, la tendre amie de sa jeunesse, permettra aussi à Dante de réaliser quel était son égarement dans le royaume des vivants.
La Comédie est un chant versifié et rimé. Il a les sonorités et les rythmes de la langue des troubadours toscans du XIVème siècle . Mais tout ceci ne m'est pas accessible, et j'ai dû me contenter d'une traduction en français moderne (*), versifiée mais sans rimes, et avec certainement moins de rythme.
Cependant, le
ton de ce poème, alerte, léger, souvent drôle, m'a beaucoup frappé et a fortement influencé ma peinture.
On y trouve le ton de la farce dans les affres de l'enfer, et un ton doctoral d'opérette dans les débats théologiques du paradis.
Dans la Comédie, le
ton distancie toujours le propos.
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L'oeuvre de Dante se divise en trois parties et 100 chants: 34 chants pour l'enfer, 33 pour le purgatoire et autant pour le paradis.
Si divers artistes, tels Botticelli, Blake, Doré, Dali, Barceló...., ont illustré chacun (ou presque) des 100 chants de la Comédie, d'autres artistes, beaucoup plus nombreux, n'ont réalisé que quelques illustrations ponctuelles, et de l'enfer le plus souvent.
Pour ma part, je me suis limité à une série de 12 toiles : 4 pour l'enfer, autant pour le purgatoire et le paradis.
Ces quelques pages ont pour intention de situer mes peintures dans le texte (dans la lettre et dans l'esprit).
(*) Les vers cités sont traduits par Jacqueline Risset
Divine Comédie 1 – L'enfer -
« Bienvenue »
Ce sous-titre vient en contrepoint d'un des vers les plus célèbres de
La Divine Comédie :
Vous qui entrez laissez toute espérance (Enfer III, 9).
Nous sommes aux portes de l'enfer.
L'enfer, dans lequel Dante et Virgile vont entrer, est ici un menaçant maelström grondant au dessus de leurs têtes.
En bas, à gauche, Dante, frappé de stupeur, tient Béatrice par le bras, et Virgile est représenté par une tête d'oiseau (pas très bien identifié ici, mais qui prendra l'allure d'un aigle sur les toiles suivantes).
Béatrice semble indiquer de sa main gauche une direction, et semble dire (ou crier) à Dante de ne pas s'attarder sous cette tourmente, et d'aller de l'avant, d'aller plus loin....
Virgile, le guide de Dante dans les enfers et dans l'ascension du purgatoire, sera toujours symbolisé par un aigle (le seul être de chair et d'os capable de fixer le soleil).
Quelques vers du chant IV suggèrent aussi ce choix :
Honorez le très haut poète
….
qui vole comme un aigle au dessus des autres (Enfer IV, 80-96).
Dans le tourbillon infernal, démons et damnés se côtoient et plusieurs personnages inquiétants tournent leur regard vers Dante. L'un d'entre eux, un diable de haut rang probablement, le montre du doigt et le menace d'un rire mauvais; deux autres personnages regardent ce doigt avec crainte, comme si la foudre pouvait en sortir....
Face à lui, Dante esquisse le même geste de la main, dérisoire réplique.
Quelques âmes damnées ont les jambes ou les yeux arrachés, et une femme, la tête dans le dos, fait des efforts considérables pour regarder ce qui se passe devant elle.
car vers les reins leur face était tournée,
et ils devaient marcher à reculons
puisqu'ils étaient privés de la vue vers l'avant. (Enfer XX, 13 -15)
Il s'agit, dans cette première toile, de la seule référence précise au texte .
Divine Comédie 2 – L'enfer -
« Pauvres diables »
La
descente aux enfers commence maintenant.
Dante et Béatrice sont au milieu du tableau, encadrés par deux représentations de Virgile.
La présence de Béatrice sur la première toile, peut se justifier par sa visite à Virgile dans les limbes, contée au chant II :
J'étais parmi ceux qui sont en suspens
quand une dame heureuse et belle m'appela (Enfer II, 52-53)
Sa présence ici n'est plus justifiée par le texte, mais par son rôle prépondérant dans la Comédie : elle en est le principal
acteur (en des termes plus familiers, on dira qu'elle tire toutes les ficelles ! Ne l'oublions pas, c'est une comédie).
Dante, affolé, semble écartelé, tiraillé de tous cotés, avec toutes ces mains implorantes qui se tendent vers lui, et Virgile lui tient fortement le poignet pour qu'il ne s'égare pas dans le chaos environnant.
Virgile est représenté deux fois.
Cette idée est empruntée à Botticelli, qui représentait Dante et Virgile plusieurs fois sur le même dessin, artifice permettant de visualiser leur parcours au milieu des damnés.
En bas et à droite de la toile, un homme dévore le crâne d'un autre homme.
Et comme on mange du pain quand on a faim,
celui du haut planta ses dents sur le second,
là où le cerveau se joint à la nuque (Enfer XXXII, 127 - 129)
La référence aux tristes sires Ugolino et Ruggeri (Enfer XXXII et XXXIII) est précise, mais on remarquera que mes deux larrons ont le bas du corps en commun (nos passions nous dévoreraient-elles l'âme ?...)
Le haut de la toile est coiffé d'une couronne de diablotins moqueurs et irrévérencieux (et de quelques citations de Goya).
Divine Comédie 3 – L'enfer -
« Malebolge »
Le huitième cercle de l'enfer, avec ses dix vallées (bolges) ...
Le désordre environnant devient plus saisissant, les damnés grouillent de partout.
Dante, pensif cette fois, se tient un peu au dessus de la mêlée, en haut à gauche.
En dessous de lui, on peut voir deux personnages, l'un masculin l'autre féminin, grotesquement sexués.
Virgile est encore un peu en dessous.
Un damné tient sa tête coupée à bout de bras
Il tenait sa tête coupée par les cheveux,
suspendue à la main comme une lanterne (Enfer XXVIII, 121-122) .
Nous retrouvons ce même personnage immédiatement au dessous (en bas à droite), la tête bien en place cette fois; il le vérifie de sa main et ne cache pas son étonnement ni sa satisfaction.
Ce n'est que provisoire, le tourment est sans fin..., comme tous les autres tourments de tous les cercles de l'enfer.
Et puis, en fin de compte, ces suppliciés ne peuvent souffrir dans leur chair: ils n'ont pas de chair !
C'est certainement pour ces raisons que Dante se montre très désinvolte à leur égard.
Sur la droite de la toile, une cascade de damnés dégringole, formant un vaste arc de cercle jusqu'à l'angle en bas, à gauche, et pouvant faire penser à
La chute des anges rebelles de Rubens.
Divine Comédie 4 – L'enfer -
« Le Cocyte »
Le neuvième cercle, le fond de l'enfer, entouré d'un fleuve gelé, le Cocyte.
Nous n'irons pas plus bas.
Dante est trop effrayé pour marcher, il est littéralement porté par Virgile.
Je ne mourus pas, et je ne restai pas vivant :
juge par toi-même, si tu as fleur d'intelligence,
ce que je devins, sans mort et sans vie. (Enfer XXXIV , 25-27)
Les traitres, qui habitent cet étage de l'enfer, sont pris dans la glace. Seules leurs têtes, leurs mains, et avec un peu de chance, le haut du corps, sortent au dessus de la glace.
D'après le texte, nous devrions y trouver Ugolino dévorant le crâne de Ruggeri. Mais nous les avons rencontrés sur le second tableau.
Ceux que nous voyons semblent muets et pourtant voudraient qu'on les entende.
Et qu'on ne les oublie pas dans leur trou et leur misère.
Divine Comédie 5 – Le purgatoire -
« L'ascension »
Changement de décor et inversion du mouvement.
Le purgatoire est
l'ascension d'une montagne avec, à son sommet, le paradis terrestre.
Nous voyagerons maintenant dans des paysages terrestres avec des montagnes, des rochers, des arbres .
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Au premier plan, à gauche, Dante semble méditatif. Ses paupières sont closes, ficelées :
Un fil de fer leur perce les paupières
et les coud, comme on fait à l'épervier sauvage (Purgatoire XIII, 70-71)
Ainsi Dante partage le sort des envieux de la deuxième corniche.
Cette liberté dans l'interprétation du texte est là pour signifier que l'ascension du purgatoire sera assez éprouvante pour Dante, et qu'il doit mériter son entrée au paradis (même avec un visa touristique ! ).
Une foule, de dos, s'engage sur un chemin en corniche autour de la montagne. Ces « ombres » ont la tête baissée, pour la plupart .
En bas à droite, un personnage jette un dernier regard épouvanté sur l'enfer, qu'il laisse derrière lui.
Et Virgile, perché sur un rocher, surveille ce petit monde .
Divine Comédie 6 – Le purgatoire -
« Je n'en puis plus »
Ils étaient, il est vrai, plus ou moins contractés
selon qu'ils avaient plus ou moins sur leur dos ;
mais le plus patient dans son maintien
semblait dire en pleurant : « Je n'en puis plus. » (Purgatoire X, 136-139)
Nous revenons un peu en arrière, sur la première corniche; celle où l'on croise les orgueilleux devant porter, tout en gravissant la montagne, de lourdes pierres.
Jusqu'à présent, Dante était immédiatement identifiable puisqu'il était le seul personnage habillé (avec Béatrice, toiles 1 et 2).
Ici, où est Dante ?
Partage-t-il , avec trois autres larrons, le poids du gros rocher central ?
Je le verrai plutôt en bas, au centre, assis, la tête penchée en avant, l'air accablé. S'il ne partage pas leur fardeau, il a pour le moins une certaine empathie avec les forçats.
Revenons sur les quatre porteurs du gros caillou. On remarquera tout de même que les deux premiers semblent relativement décontractés, n'en déplaise à Dante, puisque nous pourrions presque suivre leur conversation sur leurs avantages sociaux ou leur retraite de la SNCF.
En bas, à gauche, quelques ombres semblent manifester un certain mécontentement ou leur colère.
A droite, une autre ombre est en grande conversation avec Virgile.
Dans le fond, d'autres pénitents portent des pierres, et la montagne est toujours au dessus de l'horizon.
La tonalité de la toile devient plus claire et chaude.
Divine Comédie 7 – Le purgatoire -
« Le paradis terrestre »
Avec cette toile, nous quittons définitivement le monde de la douleur (celui décrit dans l'enfer et dans les vingt sept premiers chants du purgatoire), pour rentrer dans le monde de la félicité (décrit dans les six derniers chants du purgatoire et dans le paradis).
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Ici la racine humaine fut innocente,
ici est le printemps toujours, et tout fruit;
cette eau est le nectar dont chacun parle. (Purgatoire XXVIII, 142-144)
La végétation est très présente sur cette toile et lui donne sa tonalité verte.
On y retrouve en particulier l'arbre qui pousse à l'envers:
et comme un sapin se rétrécit du haut,
de branches en branche, ainsi celui-ci vers le bas,
afin, je crois, que personne n'y montât. (Purgatoire XXII, 133-135)
On identifie aisément Matelda, la
dame seulette du chant XXVIII ,
cueillant des fleurs parmi les fleurs (vers 40-41).
Virgile nous quitte, définitivement, et Béatrice, juste au dessous de Virgile, pointe le bout de son nez. Sortie du premier guide de Dante et entrée de son nouveau guide.
Les autres personnages, et leurs rôles, sont plus incertains.
Encore une fois, où est Dante ? Est-t-il celui qui regarde Virgile s'envoler en retenant un geste d'adieu ?
Est-t-il ce personnage central, un peu rêveur, et peut-être aussi un peu troublé par Matelda ou par cette autre dame toute aussi rêveuse, immédiatement à sa gauche ?
Et qui sont ces deux personnages, à droite, qui semblent avoir une discussion assez tendue ? Le géant et la putain du chant du chant XXXII ? Ou s'agit-il de la scène de ménage entre Béatrice et Dante du Chant XXX ?
Au spectateur de choisir, ou de tout prendre, ou de trouver d'autres interprétations.....
Divine Comédie 8 – Le purgatoire -
« L'invitation »
Je m'en revins de l'onde sainte
régénéré comme une jeune plante
renouvelée de feuillage nouveau,
pur et tout prêt à monter aux étoiles. (Purgatoire XXXIII, 142-145)
Dante, en bas à gauche, à maintenant l'aspect d'un merlan roulé dans la farine.
Il faut dire qu'il a été bien malmené ces derniers temps: la belle Matelda vient de lui plonger la tête dans l'Eunoé - elle lui avait fait la même farce dans les eaux du Léthé, un peu plus tôt - , il s'est fait gronder par Béatrice pour son infidélité, et s'en est évanoui, tout en restant béat d'admiration devant elle, ….qui lui propose maintenant de monter au paradis !
On comprend son air incrédule.
Mais qu'importe, l'onde était sainte, et Dante, frais comme un gardon, pardon, comme une jeune plante, va bientôt monter aux étoiles. Nous assisterons à sa métamorphose sur le tableau suivant.
Béatrice, en majesté, occupe le centre du tableau et semble demander à Dante de la suivre au paradis céleste...., ben voyons.
Sous ses jupes, trois dames papotent. Ce sont peut être celles qui
venaient en dansant autour de la roue droite du char de Béatrice (Chant XXIX, vers 121-129)
Et sur la gauche du tableau, nous retrouvons, peut être aussi, les
quatre qui dansaient des vers 130-132 du même chant.
Et l'une des leurs avait trois yeux......
Mais ici, Matelda est comptée parmi ces quatre dames .
Dante aime s'entourer de belles dames, tout en leur attribuant un rôle de dame de compagnie de Béatrice.
Sacré filou.
Divine Comédie 9 – Le paradis -
« La transfiguration »
Outrepasser l'humain ne se peut
signifier par des mots ; que l'exemple suffise
à ceux à qui la grâce réserve l'expérience. (Paradis I, 70-72)
Trasumanar significar per verba
non si poria; pero l'essemplo basti
a cui esperïenza grazia serba.
Trasumanar !
Célèbre néologisme inventé par Dante, traduit de bien des façons....
Pour ma part, j'utiliserai
transfiguration. C'est plus pictural .
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Dante traverse le paradis terrestre avec son corps et sa pesanteur, et en enfer comme au purgatoire, il évolue dans un monde matériel, qu'il peut appréhender avec ses sens.
Au paradis, Dante va entrer dans un monde immatériel; son corps et ses cinq sens, ne lui servent plus à rien.
D'ailleurs, il ne marche plus sur le sol, il flotte dans l'espace.
Et ce qu'il perçoit du paradis sature totalement ses sens, et dépasse son entendement...
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Sur cette première toile du paradis, Dante est représenté deux fois.
D'abord, sous forme d'un pantin désarticulé, encore soumis aux lois de la pesanteur, essayant vainement de s'élever vers le ciel.
Et au dessus, un second Dante transfiguré, semble s'échapper du premier, et prendre son vol vers le paradis où Béatrice l'attend déjà.
Le Dante nouveau est arrivé !
L'ivresse paradisiaque ne va pas tarder.
Divine Comédie 10 – Le paradis -
« Faces de lune »
Tels qu'en des verres transparents et limpides,
ou dans des eaux claires et calmes,
non si profondes qu'elles cachent le fond,
les traits de nos visages nous reviennent,
si légers qu'une perle sur un front blanc
vient moins doucement à nos regards ;
tels je vis plusieurs visages prêts à parler ; (Paradis III, 10 – 16)
Dante et Béatrice, enfin réunis, entrent en sautillant dans le premier ciel, celui de la lune .
Dante, pas encore très à l'aise dans son corps immatériel, ni dans ce paradis où il n'y a ni haut ni bas, ni devant ni derrière, confond les
vraies substances avec leur reflet,.
Il n'identifie pas très bien ces
lumières qui se présentent devant lui, et ne comprend pas qu'il s'agit des âmes des bienheureux.
Et il se demande encore dans quelle nouvelle galère il s'est embarqué.
Heureusement, la bonne et douce Béatrice va le rassurer. Reprenons le texte:
Aussitôt que je les aperçus,
les prenant pour images reflétées,
je tournai les yeux pour voir qui elles étaient ;
je ne vis rien, et les ramenai en avant,
droit dans le regard de ma douce escorte,
qui souriait, et ses yeux saints resplendissaient. (Paradis III, 19 – 24)
Tout est dit, il ne reste plus qu'à constater que Dante est effectivement tout retourné, désorienté et un peu perdu (comme il l'a souvent été !).
On reconnaîtra, au passage, parmi les figurants engagés pour accompagner l'impératrice Constance, la
prima donna de ce chant, Goya, Nerdrum et moi.
Ce premier ciel, il y en aura neuf, est le moins turbulent du paradis. Il serait plutôt mélancolique, et on est encore loin des
excès d'émotions, d'énergies et de perceptions (*) des étages supérieurs.
Il miroite mais ne flamboie pas.
(*)
J. Risset, préface à sa traduction
Divine Comédie 11 – Le paradis -
« Un éternel printemps »
Au coeur jaune de la rose éternelle
qui monte et se dilate, exhalant son parfum
de louange au soleil d'un éternel printemps (Paradis XXX, 124-126)
Dante arrive maintenant au terme de son voyage initiatique: le ciel le plus élevé, l'Empyrée, le Saint des Saints.....
Dans les derniers chants du paradis, tout est lumière, étincelle, éclair, éblouissement...., et Dante, qui
n'a pas encore la vue assez puissante (XXX, 81) croit voir plus qu'il ne voit (aveuglé par trop de lumière), et en est cette fois tout renversé (il était déjà tout retourné sur la toile précédente, il est temps qu'il revienne sur terre pour retrouver son état normal !).
Et pour le perturber encore un peu plus, tout tourne autour de lui !
La rose céleste est un fameux tourbillon : on peut en avoir une petite idée avec
Le Paradis peint par Le Tintoret, avec ses centaines d'anges et de bienheureux.
Pour ma part, et en ces temps de crise, je me suis contenté d'une douzaine de personnages et d'une toute petite ronde .
La milice des anges est réduite à cinq ou six angelots, en bas et à gauche du tableau, et on pourra éventuellement reconnaître un des anges les plus célèbres de l'histoire de la peinture.
Béatrice est toujours là, aussi bienveillante....
Mais bientôt elle retrouvera sa place dans les gradins les plus élevés de l'Empyrée, et Dante devra revenir sur terre pour écrire sa
Comédie.
Divine Comédie 12 – Le paradis -
« Le songe de Béatrice »
Béatrice aux cheveux d'anges, Béatrice coiffée d'anges et de bienheureux, formant une tresse autour de son front, de son cou, et ruisselant le long de sa gorge ….
Ou encore, Béatrice transportée au paradis, dans son sommeil, par une nuée d'anges et de bienheureux.
Comme on voudra.
Maintenant, il n'est plus question de références précises au texte de Dante.
La comédie est finie: Béatrice vient de sauver Dante qui était perdu
au milieu du chemin de notre vie...
On sait que pour arriver à ses fins elle a utilisé les grands moyens !
Elle peut s'endormir tranquillement.
Rappelons que leur histoire personnelle est le principal argument de la Comédie. Le seul argument réaliste, en tout cas. Il s'agit d'ailleurs peut-être d'eux, dans ce couple curieusement enlacé, au premier plan, presque dos à dos...., mais dans le rêve de Béatrice, uniquement.
Personnage clé de la
Divine Comédie, mais inaccessible dans son royaume céleste, Béatrice est ici rêvée, idéalisée, divinisée, surnaturelle...
Dante, le second rôle, n'est plus explicitement présent sur cette toile, et c'est la seule.
Car nous sommes bien au paradis cette fois, pour de vrai. Paradis que Dante n'a été autorisé qu'à voir de loin, et encore, il était complètement ébloui.
Et ce n'était que l'ultime péripétie de son voyage dans le royaume des morts. Il y aura été bien malmené : cela n'a pas été une sinécure pour lui de retrouver le droit chemin !
Mais Dante a su tenir son rôle, pas toujours flatteur, en cultivant l'auto-dérision.
Une des composantes essentielle du
ton (j'y reviens) de la Divine Comédie.
Le ton de ce qui n'était qu'une comédie.
Epilogue et remerciements
Il ne m'a pas été facile d'entrer dans
La Divine Comédie.
Je m'y étais risqué plusieurs fois, en vain, et j'avais fini par abandonner tout espoir..., quand, bien plus tard (bien après le
milieu du chemin de notre vie), Philippe Sollers, et son complice Benoît Chantre (*) m'en ont donné les clés, … de certaines portes du moins.
Je m'y suis alors aussitôt engouffré.
Et bien que
La Divine Comédie ait été ma seule lecture pendant près de 18 mois (lecture et innombrables relectures...), je ne pense toujours pas avoir tout compris, loin de là !
Mais je crois avoir
entrevu quelque chose....
Ensuite, il fallait absolument essayer de mettre ce
quelque chose sur la toile.
Pour cela, Botticelli, William Blake, Gustave Doré, Goya, Léonard de Vinci, Michel Ange, Raphael, Rubens, Bouguereau, le Tintoret, Tiepolo, Pontormo, le Greco, Odd Nerdrum, Falero, Delacroix.... (désolé pour le désordre, et en plus j'ai dû en oublier, qu'ils me le pardonnent)..., m'ont plus ou moins tuyautés pour m'aider à peindre les 48 mètres carrés de mes douze toiles.
A tous, merci.
Sereirrof
Février 2014
(*) Philippe Sollers,
La Divine Comédie – Entretiens avec Benoît Chantre